LE
PARDON DES PECHES …
« Qui peut pardonner
les péchés, sinon Dieu seul ? » diront les pharisiens qui sont
scandalisés de voir Jésus pardonner les péchés du paralytique qu’on vient de
déposer à ses pieds.
« Qu’est-il plus facile
de dire : « Tes péchés te sont remis ou lève-toi et
marche ? » Répondra Jésus. « Aussi, afin que vous sachiez que le
fils de l’homme a le pouvoir de remettre les péchés, « lève-toi et
marche ! » dira Jésus au paralytique qui aussitôt se leva !
C’est Dieu seul qui pardonne
les péchés. Ce fut la pratique séculaire
de tous les croyants de l’ancien et du nouveau testament. Jésus nous en
donne un exemple péremptoire.
Deux hommes vinrent au
temple, l’un était à genoux et se frappait la poitrine en
disant : « Aie pitié de moi, Seigneur, car je ne suis qu’un
pauvre pécheur. » L’autre était debout et se glorifiait de ses
vertus. Jésus dit : "De ces deux hommes, un seul sortit justifié, c’était celui qui était à
genoux et qui demandait humblement pardon à Dieu ".
Jésus nous a rappelé que Dieu était notre Père
et que, lorsque nous voulions le prier ou lui demander pardon de nos fautes,
c'était à lui que nous devions nous adresser : « Lorsque tu veux prier,
entre dans ta chambre, ferme la porte et prie ton Père qui est là dans le secret, et ton Père qui voit ce que tu fais en secret, te le
rendra ». Math.VI.6.
La liturgie nous a
d’ailleurs laissé un fidèle témoignage
de cette confession faite à Dieu dans le " Je confesse à Dieu " au
début de la messe.
Lorsqu'on demande aux apôtres
ce qu'il faut faire pour être sauvé, leur réponse n'est
pas : « Confesse-toi à nous ! » Ce qu’ils ignoraient
totalement, mais : « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé ! »
Les pères de l'Eglise aux
premiers siècles ignoraient, eux aussi,
ce qu'était la confession faite à un prêtre.
Voici ce qu'enseignait, au IV
siècle, Saint Jean Chrysostome, Evêque
de Constantinople, Docteur de l’Eglise, (334-407) sur la confession.
(Instructions dominicales, sermon 5 " De inconprèhensibilia natura ".
« Je vous exhorte et
vous supplie de confesser vos péchés à Dieu, car je ne vous fais pas
comparaître sur la scène devant vos compagnons, je ne vous force pas à révéler
aux hommes vos péchés, ouvrez votre conscience à Dieu, montrez-lui vos
blessures, lui qui vous guérit, même si vous gardez le silence, il sait
tout ! ». « As-tu péché ? Entre dans l'Eglise et dis à
Dieu : « J’ai péché,
Seigneur, donne-moi ton pardon ! »
Je ne te demande que cela !
Les pères de l'Eglise sont
tous unanimes sur ce point. Cela nous
rappelle que si le Christ nous a délivrés de l'ancienne Loi, ce n'est pas pour
nous en imposer de nouvelles plus pénibles encore ! Ni le Christ, ni les
apôtres n'ont songé à imposer la confession des péchés à un prêtre, comme
condition du pardon. Ils l’ignoraient totalement.
Les moines de saint Colomban
en Angleterre introduisirent peu à peu, en France l’usage d’une pénitence
monastique, qui devint tarifée et auriculaire (faite à l’oreille d’un prêtre).
Le moine se confiait à son abbé et lui révélait ses problèmes personnels pour
en recevoir des conseils et une pénitence en cas de non-observance de la règle.
Les moines chargés de
paroisses introduisirent cette pratique parmi leurs fidèles pour les
manquements aux commandements de l’Eglise. Cependant chacun pouvait s’adresser
librement à Dieu pour demander à Dieu le pardon de ses péchés, comme le prouve
au IX ième siècle, le Concile de Chalon qui rappelle la pratique pénitentielle
de l'Eglise à cette époque.
Dans le
canon 33, il est précisé: "On peut confesser ses péchés uniquement à
Dieu ou bien si on le désire les confier à un prêtre, les deux choses se
font dans l'Eglise pour le bien de tous ". Ce concile de Chalon
confirme bien que la confession à Dieu, sans l’intermédiaire du prêtre, était toujours
en usage au IX siècle. Qu’est-ce qui rendit peu à peu la pratique de la
pénitence auriculaire obligatoire ? La maîtrise des hérésies !
Rome voulut contrôler la
conscience de ses fidèles et juguler la progression des hérésies. Pour cela,
l’Eglise obligea tous ses fidèles à se confesser chaque année à leur curé
qui devint le juge de l’orthodoxie de la
foi de ses ouailles.
C’est au concile du Latran,
en 1255, que le Pape Innocent III imposa le principe de la confession obligatoire.
Ce pape Innocent III, suivi
par d'autres pontifes, avait même poussé le cynisme jusqu'à interdire aux médecins, sous peine
d'excommunication, de donner leurs soins aux malades qui ne présentaient pas un
certificat de pénitence, en bonne et due forme, validé pour l'année en cours !
Les mentalités de l’époque ne s’embarrassaient guère du respect des
consciences !
C’est au Concile de Trente, le 25 Novembre 1551, lors
de la XIV ième session que ce nouveau
dogme et cette nouvelle pratique furent à nouveau officiellement confirmés.
La confession prit alors le nom
redoutable de « tribunal de la pénitence » C’était tout
dire !
La procédure était
inquisitoriale ! On se mit à questionner les fidèles : " Combien de fois ?
Avec qui ? Où ? Comment ? Obligation de dénoncer les hérétiques ! Etc…".
Rien ne manquait pour rendre cette épreuve
insupportable et scandaleuse pour la liberté des consciences ! Le résultat ne se fit
pas attendre. Pour ne pas se confesser à leur curé, les fidèles ne communiaient plus ! Il fallut alors
rendre la communion obligatoire au moins une fois l’an ! Ainsi, l’Eucharistie qui avait été
instituée par le Christ pour être une nourriture spirituelle fréquente fut
détournée de sa fin spirituelle !
Celui qui ne se confessait pas et
qui ne communiait pas était considéré comme hérétique et soumis au tribunal de
l’inquisition.
Le pouvoir clérical
s’adjugea un pouvoir exorbitant sur les consciences. Or, la confession faite à Dieu n’est pas la
seule manière de remettre les péchés. Le sacrement de l’Eucharistie, lui aussi, remet
les péchés à ceux qui manifestent une véritable contrition.
L'EUCHARISTIE
REMET LES PECHES…
C'est
Jésus lui-même qui, en instituant le sacrement de l'Eucharistie, a dit :
"Ceci est mon sang versé pour la rémission des péchés."
La tradition liturgique et patristique le
confirme. L'Eglise Catholique Orientale accompagne le don de la communion par
cette déclaration :"Voici le corps de Notre Seigneur pour la rémission
de tes péchés. " Quant aux paroles de l'institution même de
l'Eucharistie, elles sont sans équivoque :"Ceci est mon sang répandu pour
la rémission des péchés ".
Le Concile de Rouen au XI ième siècle précise, dans sa liturgie,
l'importance du pardon des péchés, opérée par la réception de l'Eucharistie
: "Que le corps et le sang du
Christ t'accordent la rémission de tes péchés et te donnent la vie éternelle
". " Voici l'agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde
".
C'est un aspect oublié et
théologiquement certain du pardon des péchés par l'Eucharistie. A la communion, le prêtre dit : "
Voici l'agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde" et après :
«Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole
et mon âme sera guérie." Non
seulement les liturgies orientales abondent dans ce sens, mais aussi le
sacramentaire de Vérone, typiquement occidental, qui représente la plus
ancienne collection des textes liturgiques.
Pour Saint Ambroise, Docteur
de l’Eglise (340-397) l'Eucharistie porte en elle-même une puissance
rédemptrice qui remet les péchés. " Chaque fois que tu manges le corps du
Christ, tu reçois la rémission de tes péchés ".
De nombreux Pères de l'Eglise parlent dans
le même sens : "Je dois recevoir le corps du Christ pour que toujours Il
remette mes péchés." Saint
Augustin. Docteur de l’Eglise. (354-430)
Enfin, le concile de Trente
en 1562, dans sa XXII ième session
confirme cette tradition et proclame solennellement que : « Le Saint
Sacrifice de la Messe a bien le pouvoir de remettre les péchés, tous
les péchés, si grands soient-ils ». Les Eglises Chrétiennes du monde
entier ont, comme mission essentielle, celle d'annoncer la bonne nouvelle de
l'Evangile, d'exercer au nom du Seigneur, le ministère de la miséricorde et la
compassion, l’administration des sacrements.
Chacune de ces églises a
depuis des siècles sa propre règle pour le pardon des péchés. Mais aucune n’à
le pouvoir de restreindre la miséricorde de Dieu ni de la soumettre à sa discrétion arbitraire. C’est Dieu seul
qui pardonne les péchés.
L ‘œuvre du salut est
pour tout le monde, elle n’est pas réservée exclusivement à une minorité,
fut-elle catholique. Chacun peut atteindre Dieu dans son cœur et s’adresser à
lui. Son accès n’est pas réservé à une modalité particulière qui la rendrait
difficile, voire impossible, selon les époques et les circonstances
culturelles. Les milliards d’êtres humains qui peuplent la terre et qui la
peupleront encore, sont tous fils de
Dieu en Jésus Christ. Le salut est universel ou il n’est pas !
Au lendemain du Concile de
Vatican II, l’absolution collective fut autorisée et mise en pratique dans tout
le monde catholique. Mais progressivement, à partir de 1996, on obligea les diocèses à supprimer cet
usage. A l’Eglise Sainte Marie, l’absolution générale est donnée au cours de la Messe, avant la
communion, à ceux qui se sont sincèrement confessés à Dieu et qui désirent
recevoir le sacrement de l’Eucharistie pour la rémission de leurs péchés.
Mais ceux qui le désirent
peuvent toujours s’adresser personnellement à un prêtre. Le sacrement de
pénitence est donné soit par l’absolution collective au cours de la messe,
soit par la confession auriculaire faite
à un prêtre. Chacun agissant selon sa conscience. Domaine privilégié sur lequel
l’Eglise n’a aucun pouvoir. L'enseignement du Christ, c’est l’amour de
Dieu et du prochain, la conversion du cœur et une foi sans réserve en la parole
de Dieu. C’est la tendresse du Père qui seule peut ouvrir les cœurs et les
rapprocher de lui.
La parabole de l’enfant
prodigue en est l’exemple le plus saisissant. Elle nous montre l’amour infini du Père des miséricordes pour
tous les pécheurs dont sont membres toutes les églises du Monde…
Père Maurice Cantor.
§
C’est nous tous que Jésus appelle
à venir à lui, tels que nous sommes. Il est le sauveur et el Rédempteur de
tous ! Pour Lui, aucune vie n’est perdue, tant qu’on a confiance en son
amour infini et miséricordieux. Il est venu pour sauver et non pour condamner.
Si l’Eglise est constituée de fidèles qui se disent frères, qui croient et qui
pratiquent l’Esprit de l’Evangile, elle ne peut pas rejeter d’autres frères
sous prétexte que socialement, ils sont en dehors de certaines normes ou même
hors de l’Eglise. Ce serait aller à l’encontre de tout l’enseignement du Christ
Sauveur ! Jésus, en effet, a toujours lutté contre les sectarismes de
toutes sortes.. Il a toujours réintégré dans la communauté des fidèles, tous
ceux qui en étaient exclus. Or nous sommes tous des pécheurs pardonnés, aimés
et sauvés par grâce, à la gloire de son Amour infini et miséricordieux. Nous ne
devons jamais l’oublier !
Eglise Sainte Marie B.P.5 76131
Mt St Aignan cedex.